Combessies, le révolutionnaire…verbal

Né à Vic-en-Bigorre, Jean-Suzanne Combessies est avocat en Parlement et nommé Consul par le Roi, en 1789. Le 3 février 1790, sa fonction de Procureur du Roi se transforme en celle d’Agent municipal de la communauté vicquoise. De bien-pensant, plutôt conservateur, il devient violent et révolutionnaire dans ses harangues à la population : « Plutôt que de se plier au décret qui permet un jour de repos tous les dix jours, ces fanatiques observent le ci-devant dimanche ! Il y a de bons patriotes qui entendent la messe des prêtres réfractaires dans les villages voisins ! Nous ne pouvons pas tolérer les adorations serviles, nous sommes dans le siècle de la Raison ! »
Le 19 juillet 1791, il s’enflamme : « Messieurs, vous connaissez l’affreux complot combiné par la clique prêtrale et aristocratique et par la démarche ultérieure du roi. Vous savez combien cette nouvelle désastreuse a jeté l’alarme dans tout le royaume ». Le 9 février 1792, il s’en prend aux émigrés : « Je ne vous nommerai point qui sont ces brigands, vous les connaissez tous, ce sont des ci-devant privilégiés et des prêtres mécontents et fanatiques, les excréments de la nature ! ». Le 15 septembre, il prône la délation : « Citoyens, écoutez, observez, dénoncez et la patrie sera sauvée ».
Le 9 juin 1793, dimanche de Pentecôte, il célèbre la fête de l’Être Suprême sur l’esplanade du Sendreix devenue place de la Fédération. Autel de la patrie, fleurs, bouquets, maisons décorées, étendards tricolores, embrassements fraternels et hymnes, rien ne manque pour faire de cette journée un succès populaire mais en juillet, la terreur règne et le presbytère devient « magasin national ». L’église Saint-Martin sert de lieu de réunion à la Société populaire. Le 21 janvier 1794, elle dresse un relevé de 142 suspects. La dernière personne de la liste est la femme de Combessies qui sent peser sur sa tête la menace de Monestier du Puy de Dôme. Il se prétend malade et s’efface quelque temps. Heureusement, Thermidor viendra le délivrer. Le 27 octobre 1794, Monestier de la Lozère est à Vic. Combessies, considéré comme peu sûr, est écarté de la nouvelle municipalité.
Les cahiers sont pleins de ses envolées lyriques et terrifiantes. En réalité, son comportement est aux antipodes de ses excès de langage. Le 19 juin 1795, il sert de bedeau au curé jureur, Jean Lagarde, pour la réouverture de l’église Saint-Martin et diligente auprès du « Citoyen Évêque » une pétition pour le maintien de ce pasteur. Heureusement, ses paroles ne dépassèrent jamais les frontières de la cité et aucune tête ne roula suite à ses accusations.
De toutes ces philippiques, la population vicquoise n’a pas été dupe et, pendant treize ans, elle lui renouvellera sa confiance en le maintenant à la tête de sa ville. C’est l’illustration d’un magnifique double jeu qui épargna des têtes dans une cité où les aristocrates étaient nombreux. Les deux seules victimes vicquoises : Joseph Harader de la Salle et Dominique Perrey durent leur fatal destin l’une, le lieutenant de vaisseau, à des patriotes bigourdans un peu trop zélés à la cause révolutionnaire et l’autre, à une erreur d’homonymie sur une liste d’exécution à Paris.

 

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