L’alphabet des Pyrénées

Tout à la fois livre d’histoire, des savoirs et des cultures traditionnelles qui jalonnent la chaîne pyrénéenne, de la mer à l’océan, on y trouve, au choix, des cartes illustrées des vallées et montagnes, des affiches multicolores de manifestations du siècle passé, des esquisses de topo-guides pour randonnées pédestres et des pages fort documentées invitant à la découverte (1). 
Comme s’il n’allait pas de soi pour un dictionnaire, l’éclectisme semble être le maître mot. Oui, éclectique est ce guide du voyageur curieux qui veut tout connaître des hommes, des lieux, des activités, de la société, de l’histoire et de la nature qui composent l’univers pyrénéen. La lecture des mille pages, si agréablement mises en scène à l’aide de textes pédagogiques accompagnés d’une chatoyante illustration, m’a plongé dans un lac (pyrénéen) de perplexité. Je croyais posséder un peu notre massif montagneux, ses us et ses coutumes. En fait, je savais peu de la diversité de nos microsociétés pastorales et d’une richesse patrimoniale géographique, si proche.
Sait-on assez que l’Adour, en aval de Campan, est abondé par cinq Adour : du Tourmalet, d’Arizes, du Garet, recueillis dans celui de Gripp plus ceux de Payolle et de Lesponne ?
Sait-on que le gouvernement d’Andorre est présidé par un «Cap de Govern» élu par un «Conseil général» et nommé par des Coprinces. Que ce Parlement est constitué de 28 «Consellers» à raison de 4 pour chacune des sept «Parroquies» dirigées par un «Syndic». Et que cette administration locale des «Consells de Comu» est dirigée par un «Consul Major». Et que l’impôt de la principauté est la «questia», survivance d’une redevance de servage abandonnée en Bigorre depuis des siècles ?
Savons-nous que des compagnies minières romaines pénétraient dans les vallées les plus reculées des Pyrénées centrales pour y rechercher le cuivre – mine du Rougé à Esplas-de-Sérou – ou la galène – mine des Abères à Riverenert. Tout cela, deux siècles avant J. C ?
On s’extasie sur les grands chantiers d’aujourd’hui. Savons-nous que le petit train d’Artouste de la compagnie des Chemins de fer du Midi circulait, dès 1924, sur une voie étroite de 50 cm, en corniche à 1920 m d’altitude, longue de 10 km et passant sous un tunnel de 314 m de la vallée du Brousset – route d’Espagne – à celle du Soussouéou?
Savons-nous que le philologue allemand Wilhem von Humboldt produisit une étude sur les Basques et leur langue, en 1821, qui initia la création du Musée basque de Bayonne. Suivi par Louis-Lucien Bonaparte qui établit la première carte de l’Euskara ?
Savons-nous que la vie des bergers inspira les danses, les pastorales, la médecine populaire, la guérison du bétail, la confection des instruments de musique, l’artisanat du bois et les arts plastiques de la corne ?
(1) «Le dictionnaire des Pyrénées» – Encyclopédie illustrée France-Espagne – André Lévy avec la collaboration de 250 auteurs – Editions Privat, à Toulouse – 2e édition – mai 2000.

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